mercredi 27 septembre 2017

Etienne "le muet"

Extrait:
 "Le lycée n’a pas de demi-pension et je dois chaque jour effectuer les deux voyages aller-retour en bus. J’ai néanmoins suffisamment de temps pour prendre le repas à la maison. En général, je repars assez tôt de la maison; j’ai ainsi la possibilité de jouer au football sur les boulodromes nouvellement installés devant le lycée. Avec quelques copains, le rendez-vous est immuable. On place nos cartables pour faire les buts et on joue y compris les jours de soleil brûlant, jusqu’à l’ouverture des portes, parfois même à la sortie, non sans avoir acheté un petit paquet de cacahuètes salées au marchand arabe qui stationne devant l’entrée avec son plateau posé sur un vieux pliant. C’est à cet endroit que je rencontre souvent Etienne "le muet", l’oncle d’Albert Camus. C’est un cousin germain de mon grand-père Touniette. Il descend à pied de la rue de Lyon, dans le quartier de Belcourt tout proche où il habite. Je le connais assez bien car il est un fervent supporter de mon père, champion bouliste à cette époque. Etienne est un homme très simple, affable. Malgré notre différence d’âge et les difficultés de communication, j’aime le rencontrer et tenter de converser avec lui. Je l’ai connu alors que j’étais très jeune et je fus tout de suite frappé par son obstination à se faire comprendre et à échanger à partir des quelques sons qui pouvaient s’échapper de sa gorge. Son énergie déployée pour communiquer, sa bonne humeur, sont des atouts majeurs pour capter l’attention de ses interlocuteurs."

 Etienne Sintès dans son atelier de tonnelier, et, devant lui, son neveu Albert Camus, 7 ans


  "Quand il arrivait dans l'atelier au milieu du vacarme des marteaux, il était accueilli par une salutation joyeuse, et la danse des marteaux reprenait. Ernest, vêtu d'un vieux pantalon bleu rapiécé, d'espadrilles couvertes de sciure, d'une flanelle grise sans manches, et d'une vieille chéchia délavée qui protégeait ses beaux cheveux des copeaux et de la poussière, l'embrassait et lui proposait de l'aider."
Le Premier Homme (A. Camus)

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